L’Alhambra, joyau de l’Andalousie.

« Rien n’est plus triste dans la vie que d’être aveugle à Grenade » écrivait Francisco de Icaza.

Installée au pied de la sierra Nevada, avec ses ruelles, ses petites places et ses nombreuses églises, la ville possède un charme sans nom dont le summum est atteint par la découverte de l’Alhambra, perché sur une colline, qui durant des siècles veilla sur la capitale du royaume Nasride.

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Grenade, l’Alhambra vu depuis le Generalife (c) artsandstuffs

Qa’lat al-Hamra’ en arabe signifie « le château rouge » (1), à cause de la couleur de ses murs. Toutefois, s’il n’est question dans le nom que d’un château dans la traduction du terme Alhambra, il s’agit en réalité d’un vaste complexe palatial construit à différentes époques.

Indépendamment de Grenade, l’Alhambra fut construit comme une ville princière, autonome et fortifiée avec environ 1 730 mètres d’enceinte et plus d’une trentaine de tours. La cité se composait de trois secteurs : une zone de casernes, le domaine palatin où résidaient les sultans et une médina où vivait le personnel de la cour et l’administration.

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Plan de l’Alhambra

La partie la plus ancienne du complexe est une forteresse militaire, érigée vers le milieu du XIème siècle (2), appelée l’Alcazaba. La garde permanente du complexe palatin y vivait. Comme toute installation militaire elle se situe sur un lieu propice du point de vue stratégique : on peut y observer et contrôler toute la ville basse et ses environs. Son architecture est grossière comparée au reste de l’Alhambra, l’élément emblématique de l’édifice étant sa tour de guet (Torre de la Vela).

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L’Acazaba de Grenade (c) LookLex Spain

C’est aux palais de Mexuar, de Comarès et au palais des Lions, tous du XIVème siècle, que l’Alhambra doit avant tout sa renommée. Les souverains chrétiens eux-mêmes s’en servaient de résidence privée de sorte à pouvoir profiter des splendides décors, du moins à la fin du Moyen Âge.

Au premier coup d’œil sur la façade des palais, nous sommes bien loin de nous douter du ravissement qui nous attend à l’intérieur des palais. La sobriété extérieure des palais contraste fortement avec les riches décors des patios autour desquels s’agencent différentes pièces. L’architecture d’une finesse extrême, tout en moçarabes (3), frises où se mêlent motifs géométriques et lignes d’écritures et stuques, offre un ravissement sans égal. Notez qu’auparavant l’ensemble des éléments sculptés étaient peints.

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Grenade, palais de l’ Alhambra (c) artsandstuffs
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Grenade, palais de l’Alhambra (c) artsandstuffs

La disposition des bâtiments, agencés autour d’une cour intérieure avec une source d’eau centrale, qui permettait de déterminer les proportions du plan et l’élévation de l’édifice, est caractéristique de l’architecture nasride.

La Medina, située en amont de l’Alhambra, sur une pente douce qui monte vers l’ouest, est une véritable ville destinée à assurer la subsistance et l’approvisionnement du palais. Agencée autour d’une artère principale, la Medina comprenait des bains publics, une mosquée, des boutiques …

Le dernier élément venu prendre place dans l’Alhambra fut le palais de Charles Quint qui abrite aujourd’hui le musée des Beaux-Arts de Grenade. Suite à son passage dans la ville en 1526, le souverain décide de s’y faire ériger une demeure qui ne sera hélas jamais achevée. C’est un certain Pedro Machuca, italien formé auprès de Michel-Ange, qui est chargé de la réalisation et qui opte pour une œuvre des plus classiques. Le plan du bâtiment est des plus simples : un cercle inscrit dans un carré (4), le cercle correspondant à la cour et le carré aux corps de bâtiments.

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Cour du palais de Charles Quint. Source : wikipédia

Enfin en dehors des murs de l’Alhambra, les sultans disposaient de nombreuses propriétés. La mieux conservée est le Generalife (de l’arabe jannat al-arifa qui signifie « jardin de l’architecte ») à proximité immédiate de l’Alhambra, à laquelle le Generalife est relié par une série des jardins, aujourd’hui encore cultivés. Edifiée en 1319, il s’agissait du palais d’été du souverain. Les dimensions sont nettement plus modestes et l’architecture simplifiée : deux corps de bâtiments ordonnés autour d’un patio et d’une source. Il n’en faut pas plus pour trouver la sérénité…

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Grenade, le Generalife (c) artsandstuffs

Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’architecture et la civilisation islamique je vous invite à consulter l’ouvrage suivant, où vous trouverez un point important consacré au royaume de Grenade :

Markus HATTSTEIN & Peter DELIUS (dir.), L’Islam. Arts et Civilisations, Toulouse, 2004.

E.E.

(1) Pour ceux qui auraient oublié leurs cours d’Histoire du collège, Grenade fut le dernier royaume islamique d’Europe Occidentale avec le règne des Nasrides. De manière plus vaste l’Andalousie (al-Andalus) fut sous la domination musulmane de 711 à 1492. Pour revoir un peu toute cela je vous invite à cliquer ici.

(2) De par la position stratégique de la base militaire et des palais, il est fort possible qu’il y ait eu des constructions défensives antérieures, voire antérieure à la présence musulmane. Toutefois, la permanence des édifices rend difficile une prospection qui viendrait confirmer cette idée.

(3) Élément d’architecture médiévale islamique, il s’agit d’un décor en forme de nid d’abeille, qui recouvre généralement les plafonds des riches demeures.

(4) Ce plan est évidement hautement symbolique : le cercle étant parfait à l’image de Dieu, tandis que le carré renvoie à l’Homme et à la Terre.


8 réflexions sur “L’Alhambra, joyau de l’Andalousie.

  1. Je découvre ce blog par cet article et ça me donne bien envie d’aller plus loin (et pas seulement à Grenade). En revanche, les photos avec la mention ça n’a jamais été m’a tasse de thé, ça me fait me fixer sur ce détail :/ en plus de me demander si quand il n’y en a pas ce n’est pas les tiennes et si pas de copyright, c’est bof. Enfin, je ne suis pas irréprochable non plus mais là ça m’a sauté au yeux ici.

    PS : Le grognon gentil continue : le jardin des délices en header est un super choix mais je l’aime tellement ce tableau qu’une image en meilleure qualité m’irait bien 😉 et avec c’est trouvable grâce un site génial comme ça https://tuinderlusten-jheronimusbosch.ntr.nl/en#

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    1. Quand il n’y a pas de mention les photos ne sont pas de moi – il n’est pas toujours aisé de trouver quelqu’un à qui les attribuer ! J’essayerai d’y faire plus attention.
      Pour ce qui du jardin des délices j’admets que l’image trouvé n’est pas fabuleuse j’irai regarder le lien ! Merci 🙂

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      1. Tout à fait d’accord pour le fait que ça ne soit pas toujours facile de retrouver à qui les attribuer. Du coup après mon commentaire j’avais été faire le curieux et regardé la section à propos et manifestement il y a un petit truc à corriger puisqu’il est indiqué à la fin « Sauf mention particulière, toutes les photos sont de moi. » 😉

        Au plaisir de découvrir tes autres articles !

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      2. MMm… j’espère ne pas être tout de suite cataloguer c*ieur de service :p C’est juste que je voudrais qu’on me signale les petites boulettes/incohérences qui m’échappe alors je fais pareil pour les autres.

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